Romain Philippon

Date de Publication: 4 April 2011

Romain Philippon, les dormeurs

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis photographe-auteur et réalisateur indépendant. Je vis et travaille sur l’île de la Réunion, mais je suis amené à voyager pour des commandes ou des projets personnels.

Depuis quand pratiquez-vous la photographie ?

Une quinzaine d’années de manière amateur. Et depuis 3 ans de manière professionnelle.

Romain Philippon, les dormeurs

Comment avez-vous découvert la photographie ?

Avec l’appareil abandonné de mon père, adolescent. Ensuite grâce à internet et à des livres, j’ai développé petit à petit ma propre culture photo.

Avec quel matériel travaillez-vous ?
Je n’ai pas de matériel fétiche, j’aime bien changer. Tout dépend du projet ou du sujet. La plupart du temps, je travaille avec des boitiers Nikon en numérique, un Pentax en argentique, et parfois avec un Rolleiflex, un boitier que j’aime bien manipuler. Le choix dépend du temps dont je dispose pour réaliser un projet, du budget bien sûr, mais aussi et souvent de mon humeur à utiliser tel ou tel support.

Romain Philippon, les dormeurs

Pouvez-vous nous dire quelles sont, vos “références” en matière de photographie ?
Mes références sont nombreuses, mais j’essaie de ne pas trop me laisser trop influencer, une tâche difficile pour les photographes actuels. Je suis plutôt inspiré par la vieille école (Cartier-Bresson, Erwitt, Koudelka…) mais je suis bien évidemment la jeune photographie. En ce moment, je ne me lasse pas de regarder le travail de Joakim Eskildsen.

Qu’aimez-vous dans la photographie ?
Surprendre, me surprendre aussi. J’aime bien prendre la photo à laquelle je ne m’attendais pas. La scène qui se présente à vous tout doucement, celle où tout se met en place, et où vous n’avez qu’à déclencher. J’aime le hasard des choses et des rencontres.

Nous avons découvert votre projet sur les dormeurs, pouvez nous présenter le projet ?
C’est un projet au long cours que j’ai débuté il y a quelques années, en voyageant. J’ai commencé à collectionner des photos de dormeurs sans trop savoir pourquoi, et puis c’est devenu une petite obsession amusante. A l’heure actuelle, je continue ce travail.

Romain Philippon, les dormeurs

Comment le sujet s’est imposé à vous? Pourquoi avez-vous choisi les dormeurs ?
Le sujet ne s’est pas imposé, mais il m’a intrigué. Dans certains pays, les gens peuvent dormir n’importe où, chose que l’on ne ferait pas en France, par exemple. J’ai trouvé ça intéressant socialement et visuellement. Cela raconte finalement beaucoup de choses sur la condition de l’homme en général, mais aussi sur l’épuisement lié à la vie moderne. Et puis j’aimais bien ces notions un peu invisibles, métaphoriques ou poétiques, que représentent le sommeil et les multiples interprétations que tout le monde peut en avoir.

Quelle est votre « technique d’approche » ?
Je procède très simplement, je sors mon appareil, je m’approche du sujet sur la pointe des pieds, j’arrête de respirer, je déclenche, et la plupart du temps je souris puisque la personne se réveille à ce moment précis !

Comment se sont passées vos rencontres pour ce sujet ? Y a-t-il une interaction avec eux une fois qu’ils sont éveillés ? Comment vivent-ils le fait d’être photographiés pendant leur sommeil ?
Comme je le disais, la plupart du temps, les gens se réveillent, hélas pour moi, juste avant que je prenne la photo. Une sorte d’instinct, certainement… Une fois réveillés, je n’ai toujours eu que des réactions positives, un peu comme un enfant pris en flagrant délit. Quant à ceux que je n’ai pas réveillés, je pense qu’ils l’ont bien vécu, puisque je ne les ai pas réveillés !

Romain Philippon, les dormeurs

Si vous deviez choisir un seul de vos clichés, lequel serait-il ?
C’est impossible, ou alors je devrais dire, comme tous les photographes philosophes : « c’est le cliché que je n’ai pas encore fait que je choisis de retenir ». Ça en jetterait pas mal si j’avais répondu ça directement.

Votre travail a-t-il été exposé ou édité ?
Mon travail sur les dormeurs a été exposé à la maison des métallos à Paris, lors d’une exposition collective organisée par Corbis. Je suis actuellement à la recherche d’un éditeur sérieux pour ce projet.

Quels sont vos projets ? Vos prochains sujets ?
Cette année, j’ai une multitude projets que j’aimerais voir aboutir, dont plusieurs ici à la Réunion, que j’aimerais collectifs. Les thématiques resteront les mêmes : l’humain ! J’ai également débuté un atelier photo dans un lycée, avec pour objectif de réaliser un portrait de la jeunesse lycéenne à la Réunion, mais par les jeunes eux-mêmes. Au niveau national, j’ai débuté l’aventure collective du projet 26 qui tente de réaliser un portrait du pays à travers chaque région. J’ai aussi un projet de film documentaire en cours dans les caraïbes, mais qui prendra du temps…

Romain Philippon, les dormeurs

Article par Tania Koller